Les feux de métaux : La classe de feu D

I- Définition :

Pour qu’il y ait réaction chimique de combustion, il faut un corps qui brûle, le combustible, un corps qui fait brûler, le comburant et une énergie d’activation sous la forme de chaleur pour démarrer et entretenir la combustion.

D’ordinaire, l’air est le principal comburant , avec son élément actif l’oxygène. Mais en ce qui concerne les métaux, ce n’est pas toujours le cas.

II- La combustion des métaux :

Les métaux sont tous combustibles dans l’air. Certains comme le cuivre, sont même capables de brûler dans une atmosphère de chlore. D’autres comme le sodium et le césium, vont réagir violemment au contact de l’eau (même sans chaleur, à température ambiante), et provoquer une combustion violente. D’autres encore comme le magnésium, allumé dans l’air, sont capables de brûler dans l’eau.

Nous sommes donc en face d’une combustion particulière, dont l’oxygène de l’air n’est pas forcément le comburant (chlore pour le cuivre par exemple), et qui ne tolèrera pas les agents extincteurs classiques, car capable de les utiliser comme comburant (l’eau par exemple), ou de décomposer leur molécule en provoquant des explosions violentes (eau, mousse, co2 par exemple).

III - Qu’est-ce qui favorise la combustion d’un métal ?

Tout d’abord, sa division en poudre ou en fil fin, comme la limaille de fer,  la laine  d’acier, les tournures d’alliage d’aluminium ou de magnésium, en augmente considérablement le contact du métal avec l’oxygène de l’air et en favorise l’ inflammation sous l’action de la chaleur.  

Pour d’autres comme le sodium et le césium, la présence d’humidité déclenche une violente réaction chimique de combustion explosive même à froid.   L’action de certains acides ou de bases, échauffe le métal et provoque des dégagements gazeux combustibles comme l’hydrogène, etc.

Enfin, les hautes températures (plus de 1500° Celsius), déclenchent la combustion des métaux comme l’acier, même en morceaux épais.

IV- Caractéristiques du feu de métal

Le feu de métal génère  souvent de dangereuses projections métalliques en feu , un peu à la manière d’un feu de bengale.

Cette combustion atteint généralement des températures plus élevées (plus de 2000°Celsius par exemple) que les incendies classiques (1000 à 1200 °) , ce qui casse les molécules des agents extincteurs comme l’eau, la mousse, le Co2, (ou même les poudres BC et ABC) , générant instantanément de l’hydrogène, de l’oxygène, du carbone, etc.  Cela a pour effets, sous l’action de la haute température, de produire immédiatement des réactions chimiques d’ explosions. La recombinaison explosive  immédiate de ces molécules sur le foyer, présente  toutes les conséquences que l’on imagine (Effet de souffle sur le bâtiment, blast des personnes, projections incandescentes de matière, brûlures, propagation du feu, etc..).

V- Méthodes d’extinction

Nous l’avons compris, les feux de métaux sont particulièrement dangereux pour la personne qui va les attaquer, et nécessitent un équipement spécial.

VI- Alors comment éteindre ces feux ?

La méthode actuelle est l’étouffement par isolement du combustible avec l’air ambiant. On utilise principalement des poudres spéciales appelées poudres D, composées de chlorure de sodium, de poudre minérale, graphite lamellaire, etc.

Ces poudres seront projetées avec la lance de l’extincteur, en utilisant une relative délicatesse sur le feu de métal, pour se déposer en douceur sur sa surface et former à son contact une croute, ou une lave, isolant le combustible de l’air ambiant, qui étouffera le feu.

En l’absence de poudre D, on peut déposer sur le feu à l’aide d’une pelle, du sable rigoureusement sec, ou du ciment en poudre sur le feu, pour là aussi former une croute isolante de l’air ambiant.

Attention au sable qui contiendrait de l’humidité (bac disposé à l’ extérieur d’un bâtiment) et qui pourrait générer par son humidité des explosions.

VII- Remarques

Il faut :

- Se former à l’utilisation des extincteurs spéciaux (portatifs et mobiles sur roues). Ils sont souvent munis d’une canne métallique longue, permettant de déposer la poudre doucement sur le feu un peu à la manière du « sucre glace » sur un gâteau.

- Limiter au maximum le stockage des chutes et tournures de métaux, et l’installer de préférence à l’extérieur des bâtiments à une distance minimum de 8 mètres, à l’abri de la pluie sous un auvent ou dans un container.

- Prévoir suffisamment de quantité de poudre D pour recouvrir d’une couche épaisse (3cm) la totalité des métaux particulièrement inflammables ( métaux se terminant en « ium » comme le magnésium ou le sodium, titane, zinc, tournures et poudre métalliques, laine d’acier, etc.) .

- Se protéger ( casque, écran facial, tenue de feu, gants isolants, voire appareil respiratoire isolant)

- Ne jamais utiliser les agents extincteurs classiques , donc pas de produit à base d’eau, ni de Co2, ni de poudre BC ou ABC, ni de dérivé halogéné.

- Utiliser que des poudres spéciales certifiées poudre D, ou dans certains cas, un gaz inerte et très stable comme l’argon en installation fixe d’extinction (jamais d’azote, de co2, ni de composé halogéné qui provoqueraient des explosions).

- En dépannage (absence de poudre D), utiliser du sable rigoureusement sec, ou du ciment classique type « portland » sec, déposé en relative douceur sur le feu avec une pelle, voire une couverture « antifeu » en fibre de verre si le foyer est petit ( ¼ de m2 de surface maximum).

Alain P.

Lycée des métiers de la sécurité.