Dossier sécurité : Pourquoi peut-on utiliser un extincteur sur une personne en feu ?

 

 

I - Le comportement de la personne en feu

 

Elle hurle, souvent court et se débat à cause de la panique et de la douleur.

 

La couverture anti-feu :

 

Dans les conditions de panique de la victime, il est loin d’être facile de l’éteindre avec une couverture, car elle la relève par ses mouvements brusques incontrôlés, ramenant de l’air au feu en permanence. De plus le secouriste dans « le feu de l’action », risque lui-même de se brûler par ce contact rapproché, ou de respirer des fumées et gaz chauds et toxiques. 

Si la couverture n’est pas présente sur le lieu de l’accident, on va perdre un temps précieux à la chercher.

Normalement en entreprise, il y a des extincteurs à proximité des sources de risque.

 

Alors s’il n’y a pas de couverture et qu’il y a un extincteur a portée de main, n’hésitez pas, utilisez-le !

Chaque seconde de contact avec les flammes (1000° voire plus) cause des dégâts énormes sur la peau, et la victime respire les fumées et gaz chauds toxiques.

 

La priorité dans ce cas est l’extinction avec le moyen le plus proche !

 

II - Pourquoi il est possible d’utiliser l’extincteur :

 

Ses avantages sont largement supérieurs à ses inconvénients

 

- Il permet une extinction sans contact avec la victime en feu, donc il protège le sauveteur qui ne se brûlera pas et risquera moins de respirer les fumées et gaz de combustion.

 

- Il éteint très rapidement un feu sur une personne, généralement en 2 à 3 secondes de projection avec un appareil de 6 litres ou 6 kg, voir 2kg et 5 kg pour le co2.

 

- Les inconvénients concernant la salissure de la brûlure sont généralement extrêmement limités voire inexistants au regard des dégâts du feu, si l’on applique immédiatement après les mesures de secourisme (rinçage à l’eau pure).

 

III - Les agents extincteurs (produits projetés par les extincteurs) :

 

- L’eau pure = Pulvérisée, elle constitue un agent extincteur idéal, puisqu’elle éteint par refroidissement, et qu’elle effectue la mesure de secourisme en même temps. Elle arrive même a éteindre un liquide inflammable « prisonnier » par capillarité des fibres des vêtements d’une personne, car celui-ci présent en faible quantité, est généralement étouffé et refroidi avant d’avoir pu remonter à la surface du tissu.

 

- L’eau + additif = L'extincteur à eau mousse pulvérisée avec additif éteint par refroidissement et l’additif permet une extinction des liquides inflammables et une meilleure pénétration (effet mouillant) des fibres de tissu. L’additif dilué dans l’eau forme une solution généralement légèrement basique, mais si l’on applique immédiatement après l’extinction le refroidissement de la brûlure à l’eau pure (secourisme), elle sera nettoyée. L’extinction rapide avec un appareil de 6 litres, est largement bénéficiaire par rapport aux inconvénients de l’agent extincteur.

 

- La mousse = Les extincteurs à mousse possèdent une lance avec un effet venturi qui mélange de l’air à une solution d’eau et d’émulseur pour former un assemblage de bulles, la mousse. Elle est utilisable sur un feu de personne, et éteint par étouffement et refroidissement. Après extinction, la brûlure sera « lavée » de la mousse par la mesure de rinçage et refroidissement à l’eau pure (secourisme).

 

- L'extincteur Co2 = Il agit par étouffement en empêchant pendant un très court instant l’air d’alimenter le feu en oxygène. Une partie sort de l’appareil sous forme solide (flocons de neige carbonique) à – 78,5° et le reste sous forme d’un nuage gazeux à -53° . C’est une température très basse, mais le jet de Co2 se dissipe extrêmement rapidement dans l’air (2 à 3 secondes environ) à la température ambiante de l’atmosphère.

 

Grace à ce temps d’exposition très court de la peau au Co2, ce gaz n’a pas le temps de dégrader les tissus vivants par le froid. 

 

Ce qui peut brûler la peau lors de l’utilisation d’un extincteur à C02, n’est pas l’agent extincteur lui-même, mais le phénomène d’eau gelée (humidité de l’air condensée formant une couche de glace) qui se forme à l’extérieur du fond du réservoir de l’extincteur pendant sa vidange si le sauveteur a la main dessus. Un formateur compétent vous dira que l’on ne met jamais sa main sur le fond de l’extincteur (2 kg co2) pour l’utiliser.

 

Le gros avantage du CO2 est qu’il s’évapore en quelque secondes et ne laisse aucun résidu. C’est la raison pour laquelle on l’utilise toujours pour éteindre les cascadeurs en feu lors des tournages de film. C’est un extincteur idéal pour les feux sur une personne.

 

- La poudre polyvalente = Il s’agit de phosphate et sulfate d’ammonium. La poudre agit principalement par inhibition des flammes (blocage extrêmement rapide de la réaction chimique du feu). Par ce fait la personne est éteinte en 2 secondes (extincteur 6 kg). La poudre polyvalente n’est pas toxique. Là encore, la mesure de secourisme de rinçage à l’eau pure, balayera la poudre déposée sur la brûlure. Le bénéfice de l’extinction très rapide est infiniment plus avantageux que les inconvénients. La personne aura peut-être une conjonctivite, et va un peu tousser, mais ce sont des inconvénients mineurs face au bénéfice de l’arrêt des flammes.

 

- La poudre BC = Constituée de bicarbonate de soude ou de potassium, elle présente les mêmes avantages que la poudre polyvalente sur un feu de personne, et est, elle, légèrement basique. Là encore le bénéfice d’arrêt des flammes domine largement les inconvénients de l’agent extincteur.

 

En conclusion :

 

Loin d’être l’appareil dangereux que l’on nous oppose parfois pour les feux sur une personne, l’extincteur est un allier précieux qui permet une intervention efficace et extrêmement rapide, protégeant le sauveteur, et permettant d’éteindre la victime. Bien sûr, si la victime n’a pas le feu sur le visage, on évitera au maximum d’arroser celui-ci.

 

La couverture est efficace, mais elle doit être suffisamment grande pour recouvrir l’ensemble du corps d’une personne, faire l’objet d’un entrainement régulier (savoir la déplier, mettre ses mains dans ses poches ou ses poignées de protection s’il y en a), et être placée à proximité du risque).

Dans les lieux ou le risque de feu de personne est présent, la douche d’urgence qui se déclenche automatiquement en montant sur son caillebotis reste la meilleure solution, à condition que tous soient formés et l’ai vue fonctionner.

 

Alain P.

Professeur lycée des métiers de la sécurité.

Auteur YLEA.

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